Une approche diversifiée pour aborder au mieux la fin de l’année 2022

7 min de lecture 21 sept. 22

L’année s’est avérée être difficile pour les marchés et la récente « trêve estivale » sur les marchés actions et du crédit soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses à des investisseurs s’employant à positionner leurs portefeuilles en vue de la fin 2022.

Les fondamentaux

La situation macroéconomique demeure extrêmement complexe : la pandémie de Covid-19 n’est toujours pas qu’un lointain souvenir et de nouvelles tendances font leur apparition dans différentes parties du monde.

De plus, les tensions inflationnistes restent fortes et, même si l’inflation pourrait avoir atteint son point culminant dans la mesure où les goulets d’étranglement au sein des chaînes d’approvisionnement continuent de s’améliorer, les prix de l’énergie sont toujours très volatils, tandis que les prix des produits alimentaires, les prix des logements et les coûts salariaux demeurent élevés. Ce faisant, les banques centrales continuent de s’attacher à lutter contre l’inflation (dans la mesure du possible) dans le but de maintenir ancrées les anticipations inflationnistes.

Il est difficile de dire si le niveau élevé de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ont déjà un impact sur l’activité économique et dans quelle mesure. Les bénéfices ont fait preuve de résistance, mais les perspectives de croissance commencent à se détériorer. L’accès de faiblesse du PIB américain a été influencé par divers facteurs (dont notamment les stocks et une réorientation des dépenses), mais les indicateurs avancés commencent maintenant à devenir plus négatifs dans tous les zones géographiques (indices ISM, indices PMI, données avancées de la Fed, etc.). 

Dans le même temps, le marché du travail, aux États-Unis en particulier, demeure tendu. En effet, les chiffres relatifs aux créations d’emplois et aux nouvelles demandes d’allocations chômage indiquent toujours une tendance très robuste (tandis que le taux de participation à la population active reste étonnamment inférieur aux niveaux d’avant la pandémie).

Notre rôle n’est pas d’essayer de prévoir les prochaines statistiques économiques, mais simplement d’observer l’évolution de ces fondamentaux et d’essayer d’interpréter la façon dont les intervenants sur les marchés y réagissent dans le but d’identifier de possibles opportunités d’investissement.

Les marchés

Depuis le début de l’année, les marchés actions et obligataires ont réagi à un environnement fondamental particulièrement complexe en chutant lourdement, et ce, en dépit de la relative résistance des bénéfices des entreprises. En conséquence, les marchés actions et des obligations d’entreprises offrent des valorisations bien plus intéressantes aujourd’hui qu’au début de l’année (même après leur récent rebond). Toutefois, cela pourrait ne pas suffire à rémunérer les investisseurs pour le risque d’une récession imminente. En outre, si les taux d’intérêt continuent d’augmenter dans le cadre de la lutte contre l’inflation, les multiples de valorisation pourraient continuer de souffrir par rapport aux produits monétaires.

Un autre élément important observé depuis le début de l’année est l’étroitesse de la corrélation entre les différentes classes d’actifs. Dans ce contexte, les investisseurs multi-actifs n’ont à leur disposition que peu d’opportunités de diversification (autres que la détention de liquidités). Les taux d’intérêt étant susceptibles d’augmenter jusqu’à la fin de l’année, des corrélations positives entre les différents actifs pourraient ainsi persister. Toutefois, si les conditions économiques devaient commencer à se détériorer plus rapidement et les perspectives changer sur le front des taux d’intérêt, les obligations souveraines pourraient offrir aux portefeuilles multi-actifs une source de diversification qui fait cruellement défaut dans un environnement d’aversion au risque.

Enfin, la « trêve estivale » a été ponctuée d’un récent rebond des prix sur les marchés actions et du crédit qui a ainsi contribué à inverser certaines des tendances observées au premier semestre de l’année. Il serait utile de comprendre si cela représente une réelle évolution du sentiment des investisseurs ou simplement un réajustement après les points bas touchés par les valorisations en juin.

La psychologie

Essayer de comprendre le sentiment qui explique certaines des récentes fluctuations des cours pourrait nous aider à identifier des opportunités d’investissement pour les mois à venir.

Dans l’ensemble, c’est un extrême pessimisme qui prédomine : Bloomberg Economics prévoit une probabilité de récession de 50 % dans les 12 prochains mois aux États-Unis.

Toutefois, le pessimisme des investisseurs s’est atténué par rapport au pic de juin, en particulier depuis que le relèvement des taux s'est poursuivi en réponse à l'accélération de l'inflation. Pour autant, le contexte est resté très négatif, surtout après la publication de nouvelles statistiques, de nombreux acteurs du marché ayant fait part de perspectives peu encourageantes pour les mois à venir et souvent en contradiction avec l’appréciation des marchés observée en juillet et début août. La diminution des flux de capitaux a souvent été citée comme un des catalyseurs du récent rebond du marché (mais les éléments de fait l’attestant sont quelque peu lacunaires).

Si la récente appréciation des marchés et les derniers chiffres de l’inflation outre-Atlantique ont pu apporter un certain répit aux investisseurs, il est cependant difficile de déceler un grand optimisme parmi ces derniers quant à ce que l’avenir réserve. Toutefois, les investisseurs semblent plus préoccupés par l’inflation et les taux d’intérêt que par la croissance (peut-être en raison d’horizons temporels à court terme et d’une priorité accordée à « l’immédiateté »).

La durabilité

Sous toutes ses formes, la durabilité demeure une tendance de fond qui, selon nous, va continuer de dessiner nos économies et nos sociétés au cours des années à venir : depuis les réformes sociales jusqu’à une place accrue des dépenses publiques, en passant par une plus grande attention portée à la biodiversité et à la protection des écosystèmes. 

La toute dernière réglementation en date dans ce sens est la « loi sur la réduction de l’inflation » (Inflation reduction Act) qui est entrée en vigueur aux États-Unis le 16 août dernier. Celle-ci vise à favoriser la transition vers une économie bas carbone en offrant aux entreprises des incitations financières et des crédits d’impôt pour divers investissements liés à la transition énergétique, comme notamment les VE, les panneaux solaires et les améliorations en matière d’efficacité énergétique.

Outre le fait qu’elle est partiellement financée par un impôt sur les sociétés minimum de 15 %, la loi est entièrement axée sur des structures incitatives plutôt que dissuasives. Il s’agit là d’un changement important par rapport aux précédents textes réglementaires (souvent peu efficaces). 

Le nom de la loi est intéressant et défie quelque part la croyance en la « greenflation ». Des mesures incitatives sont certes susceptibles de créer une demande supplémentaire en faveur de technologies peu émettrices de carbone (et des matières premières nécessaires) et, par là même, d’entraîner une hausse des prix à court terme, mais une économie devenue à terme moins dépendante de la volatilité des prix du pétrole et du gaz pourrait s’accompagner d’une inflation plus stable et plus faible. En ce sens, la transition vers une économie bas carbone, qui repose beaucoup plus sur un mix énergétique diversifié incluant l’éolien, le solaire, la géothermie, le nucléaire et l’hydrogène, pourrait être un réel atout pour lutter contre l’inflation à long terme.

Négocier au mieux la fin de l’année 2022

Les investisseurs dotés de portefeuilles diversifiés n’ont pu bénéficier d’aucune opportunité de protection cette année. Toutefois, tant les marchés obligataires qu’actions ont offert des occasions de procéder à des ajustements tactiques. En outre, des niveaux plus élevés de liquidités ont été utiles lors des corrections corrélées intervenues sur différents marchés.

En vue de positionner au mieux nos portefeuilles diversifiés dans la perspective des derniers mois de l’année 2022, nous pensons que pour la première fois depuis longtemps, une pondération neutre des actions est justifiée. Au sein de ces dernières, nous privilégions toujours les marchés moins chers, comme l’Europe et le Japon, ainsi que les institutions financières internationales. Nos stratégies durables continuent d’identifier des opportunités parmi certaines valeurs technologiques américaines et dans le domaine des énergies renouvelables.

Les fondamentaux sont complexes, les signaux de valorisation sont plus modérés après le rebond estival et les investisseurs demeurent pessimistes (mais de manière moins extrême qu’au début de l’année). Nos portefeuilles sont positionnés de manière à bénéficier de toute éventuelle embellie macroéconomique (inflation moins prononcée et croissance stable) et d’un sentiment moins pessimiste de la part des investisseurs, tout en étant relativement résistants à une possible nouvelle dégradation des fondamentaux (ralentissement et détérioration de la croissance et stabilité ou baisse des taux). Dans l’intervalle, nous nous tenons prêts à faire usage d’une partie de nos liquidités inutilisées afin de saisir toute opportunité tactique que les marchés pourraient offrir. 

Rédigé par Maria Municchi

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Les opinions exprimées dans le présent document ne sauraient en aucun cas constituer des recommandations, des conseils ou des prévisions.

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