Le discours de la banque centrale européenne se montre de plus en plus inflexible, à l'image de celui de la Réserve Fédérale américaine. Mais la BCE peut-elle durablement demeurer dans cette posture ?
La BCE vient de porter ses taux directeurs à 1.25%, niveau qui demeure encore accommodant et ne semble pas aberrant compte tenu de la dynamique inflationniste actuelle. Mais la BCE annonce une poursuite durable de son cycle de resserrement en fixant comme unique priorité la victoire contre l'inflation et en éludant les conséquences éventuelles d'une telle politique. Ce ton de plus en plus ferme semble faire fi d'une réflexion plus globale sur l'économie et la stabilité de la zone euro et il convient de rappeler les points qui justifieraient un discours plus nuancé de la part des autorités monétaires européennes.
En premier lieu il faut mentionner que les liens entre le niveau des taux d'intérêt et l'inflation sont une question complexe et qu'il n'y a pas de relation linéaire entre les deux paramètres. Faut-il à ce point réduire la question inflationniste à celle du niveau des taux directeurs quand on sait que l'inflation actuelle dans la zone euro provient pour l'essentiel de la hausse des prix de l'énergie et en particulier du gaz, alors même que l'inflation salariale n'est pas au rendez-vous, que les anticipations d'inflation demeurent modérées et qu'il est difficile d'imputer la hausse actuelle des prix à une exubérance du crédit accordé aux ménages et aux entreprises ? On entend que même dans le cas d'une inflation provoquée par une crise de l'offre il faut briser la demande. Mais est-il bien raisonnable de vouloir à ce point casser une demande qui hors effet de rattrapage liée à la sortie de la crise sanitaire demeure structurellement faible ?
Il faut également rappeler que les dernières décennies ont montré la faiblesse structurelle de la croissance européenne notamment du fait de la faible productivité, du déficit d'investissement, de la désindustrialisation du continent et de l'insuffisante montée en gamme des productions, l'Allemagne constituant une exception. En conséquence l'obligation de stimuler la croissance et l'investissement par des taux bas est devenue une idée largement partagée. Les faiblesses structurelles de l'économie européenne n'ont pas disparu et la nécessité de préserver à moyen terme un financement accessible demeure tout aussi important.
Soulignons également que la hausse des coûts de financement pourra difficilement être supportée par l'Italie voire par la France au risque de mettre en péril la stabilité de la zone euro.
Il faut par ailleurs rappeler que la fragilité politique du continent que la montée en puissance des mouvements populistes atteste ne permet pas le retour à des politiques d'austérité, ni monétaires ni budgétaires. La mise en place de boucliers fiscaux massifs pour limiter la hausse des prix de l'énergie en est la dernière démonstration, de même que la réouverture des centrales à charbon alors même que l'Union Européenne souhaite s'engager dans une politique volontariste de réduction des émissions.
Ce dernier point nous amène enfin au nécessaire financement de la transition énergétique, qui ne pourra se faire sans le concours d'une politique monétaire durablement accommodante.
Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, la BCE devra sans toute très vite revenir à un discours plus nuancé.
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