Cinq chiffres qui témoignent de l’omniprésence de l'économie circulaire
5 min de lecture 27 mars 23
Les défis liés à la mise en place d’une économie zéro déchet sont bien connus. Pratiquement toutes les chaînes de valeur existantes à travers le monde ont été construites de manière linéaire, en privilégiant la faiblesse des coûts et la facilité de consommation. Toutefois, nous voyons de plus en plus des domaines de circularité nouveaux et encourageants faire leur apparition. Nous avons constaté qu’une fois que nous commençons à chercher des exemples d’économie circulaire mis en pratique, nous ne pouvons plus nous arrêter de les remarquer. Voici ci-après cinq chiffres qui démontrent que l’innovation peut pallier les défauts du modèle économique linéaire de l’ancien monde.
95 %
Depuis 1987, l’entreprise allemande Befesa s’efforce de faire progresser la circularité des métaux en récupérant les déchets et les sous-produits des processus, en les raffinant et en les revendant. Dans le secteur de l’aluminium, elle collecte les scories d’aluminium salées, les résidus et les revêtements de cuves usés (littéralement de gigantesques revêtements de cuves imprégnés d’aluminium) et, grâce au broyage, au filtrage et au traitement, elle en extrait le contenu réutilisable.
Compte tenu de l’intensité énergétique de la fusion de l’aluminium primaire, ce type de recyclage permet de produire du métal primaire en consommant 95 % d’énergie en moins, tout en évitant l’extraction de bauxite en amont. Pour sa part, Befesa recycle 1,6 million de tonnes de résidus industriels par an, dont elle extrait 1,4 million de tonnes de matériaux précieux, ce qui permet d’éviter l’émission de près de 2,4 millions de tonnes d’équivalent CO2.
2029
En novembre 2022, l’Union européenne (UE) a sensiblement intensifié ses efforts pour améliorer la circularité des emballages. Entre autres mesures, la Commission européenne propose que tous les États membres mettent en place un système de consigne pour les emballages de boissons en métal et en plastique d’ici au 1er janvier 2029, en s’inspirant des systèmes déjà mis en œuvre dans des pays tels que l’Allemagne, le Danemark et la Suède. Les données montrent que les pays européens qui mettent en œuvre des systèmes de consigne voient leur taux de collecte augmenter jusqu’à 90 %, les systèmes s’autofinançant grâce aux dépôts non récupérés des contenants non retournés. Le niveau de récupération de 90 % constitue également un objectif distinct de collecte des contenants à l’échelle de l’UE pour 2029.
Cette politique profitera probablement aux principaux acteurs de la chaîne de valeur du recyclage, tels que Tomra, le premier fournisseur mondial de distributeurs automatiques inversés et de machines de tri des déchets. Le recyclage du plastique a bien progressé dans l’UE, mais il reste encore beaucoup à faire. Tomra fait observer que 38 millions de tonnes de plastique finissent encore chaque année dans les usines d’incinération, les décharges ou dans la nature au sein de l’Union Européenne.
Graphique 1. Personnes couvertes par des systèmes de consigne pour les emballages à usage unique en Europe
Source : Livre de dépôt global 2022 (Global Deposit Book 2022) de Reloop, Indicateurs de développement dans l’ONU et Eurostat, consultés en mars 2023.
1 milliards
La société britannique DS Smith fabrique des boîtes en carton depuis les années 40. Peu de gens auraient prédit à l’époque qu’elle deviendrait le plus important spécialiste du recyclage du carton et du papier d’Europe. L’innovation en matière d’emballage figure au cœur de la stratégie de l’entreprise et, entre autres objectifs, elle s’efforce d’éliminer des rayons des supermarchés 1 milliard de pièces de plastique d’ici à 2025.
Cet objectif peut être partiellement atteint en remplaçant le plastique par d’autres matériaux, mais dans d’autres domaines, l’innovation est essentielle. Par exemple, de nombreux matériaux d’emballage doivent être durables et résistants à l’eau. Pour y remédier, DS Smith collabore avec Aquapak, un fabricant de polymères solubles et sans danger pour la mer, afin de remplacer les plastiques difficiles à recycler tels que les films stratifiés.
47 000
Le recommerce (ou commerce inversé) consiste à vendre des produits d’occasion, remis à neuf ou hors saison, en leur donnant une nouvelle vie. Cela réduit le besoin de nouveaux produits, tout en contribuant à éviter la mise en décharge. Depuis sa première vente d’un pointeur laser cassé en 1995, eBay a contribué à rendre le recommerce facile et accessible aux particuliers comme aux entreprises.
Aujourd’hui, l’entreprise compte environ 1,5 milliard d’annonces et 147 millions d’acheteurs actifs. En 2021, les produits d’occasion représentaient près de 90 % de la valeur brute des marchandises d’eBay, soit un montant total de près de 78 milliards de dollars. Selon les estimations de l’entreprise, ces ventes ont permis d’éviter la mise en décharge de plus de 47 000 tonnes métriques de déchets.
1408 millions
La société américaine Darling Ingredients réutilise des sous-produits animaux et d’autres matériaux naturels qui prendraient autrement la direction de la décharge. Ceux-ci sont transformés pour créer une large gamme d’ingrédients et de produits, notamment des aliments pour animaux, des engrais végétaux, du collagène et des liants pour le papier photographique.
Grâce à sa division Diamond Green Diesel, l’entreprise transforme également les graisses et les huiles de cuisson usagées en gazole renouvelable. En 2021, Darling Ingredients a produit 1408 millions de litres de carburant. Le gazole renouvelable peut être substitué directement aux moteurs et infrastructures diesel traditionnels, tout en produisant jusqu’à 80 % d’émissions en moins que le gazole standard sur l’ensemble de son cycle de vie. Il est de plus en plus répandu aux États-Unis et ailleurs, et la production mondiale devrait augmenter de 95 % à 159 % entre 2022 et 2027 selon l’AIE.
Graphique 2. Production mondiale de gazole renouvelable
Source : AIE, rapport Renewables 2022, consulté en mars 2023.
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