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5 min de lecture 1 avr. 25
Après des années de sous-performance, les actions européennes surpassent leurs homologues américaines en 2025. Le récent regain d'intérêt des investisseurs pour cette classe d'actifs constitue un changement radical, surtout si l'on considère l'extrême pessimisme à l'égard de l'Europe au début de l'année.
Les inquiétudes concernant les problèmes budgétaires de la France et de l'Italie, la guerre en cours en Ukraine et la faible croissance économique de la région ont contribué à ce sentiment négatif. Le pessimisme s'est manifesté dans les flux d'argent qui ont quitté les actions européennes et dans les valorisations. L'écart de valorisation entre l'Europe et les États-Unis a atteint un niveau extrême, en grande partie en raison de l'acceptation généralisée du récit de l'exceptionnalisme américain et de la notion correspondante de déclin européen.
Source: LSEG Datastream, Worldscope, Goldman Sachs Global Investment Research, décembre 2024.
La valeur des investissements est vouée à fluctuer, pouvant conduire les prix à la baisse comme à la hausse, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer le montant initial investi. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les opinions exprimées dans le présent document ne sauraient en aucun cas constituer des recommandations, des conseils ou des prévisions, ou une recommandation d’achat ou de vente d’un titre en particulier.
Lorsque les flux d'investissement changent et que les tendances à long terme s'inversent, nous pensons qu'il y a souvent une dernière phase d'exubérance. C'est ce qui s'est passé lors de l'éclatement de la bulle internet en 2000 et lors de la période qui a précédé la crise financière de 2007-2008.
La victoire électorale du président Trump en novembre 2024 a sans doute intensifié les tendances dominantes des marchés, creusant encore davantage les écarts de valorisation. Mais l’exception américaine pourrait avoir été exagérée. L'ampleur des incitations fiscales aux Etats-Unis - le déficit budgétaire supérieur à 6 %1 du PIB - a stimulé une économie déjà forte, soutenant les dépenses de consommation et, selon nous, alimentant un comportement de bulle dans certaines secteurs du marché boursier.
Toutefois, cette année, certains des facteurs qui soutenaient les marchés US se sont inversés. Il semble notamment que l'on se rende compte que les dépenses du gouvernement américain sont sur une trajectoire insoutenable, expliquant la mise en place du DOGE, le Department of Government Efficiency (Département de l'efficacité gouvernementale). Les barrières douanières du président Trump ont également suscité des craintes de ralentissement économique et la confiance des consommateurs semble s'affaiblir.
À l'inverse, les efforts de Trump pour redonner à l'Amérique sa grandeur (Make America Great Again) semblent avoir un effet galvanisant sur l'Europe. Motivé par la possibilité que les États-Unis réduisent leur soutien militaire à l'Europe, le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé un énorme plan de relance pour investir dans les infrastructures et la défense. L'assouplissement du « frein à l'endettement » pour stimuler les dépenses de défense montre clairement que l'Allemagne s'engage sur une nouvelle voie2.
Combiné à l'augmentation de 800 milliards d'euros des dépenses de défense proposée par l'Union européenne, le stimulus de l'Allemagne représente un changement majeur pour les perspectives de croissance du continent .
La surperformance des actions européennes cette année suggère que le sentiment des investisseurs a changé ; nous pourrions bien assister au début d'une nouvelle tendance favorable pour les marchés Européens.
Tout comme les investisseurs ont privilégié les États-Unis par rapport à l'Europe ces dernières années, le marché européen a clairement privilégié la croissance par rapport à la valeur. Tous les flux entrant sur le marché ont généralement été dirigés vers les valeurs de croissance, alors que les parties les plus décottées du marché n’avaient pas la faveur des investisseurs et ont été négligées. Il en résulte un écart de valorisation extrêmement important entre les titres « Value » et les valeurs de croissance, ce qui, à notre avis, représente une opportunité d'investissement convaincante.
Sources: MSCI, Morgan Stanley Research, December 2024. Note: Average relative valuations use 12M forward data where available (forward P/E data starts in 2003) and trailing data where forward P/E not available.
Ce qui nous enthousiasme dans l'environnement actuel, c'est que dans un nouveau régime, régi par des facteurs différents, des actions différentes sont susceptibles d'enregistrer de bonnes performances à l'avenir. Nous ne pensons pas que la croissance et la valeur soient des catégories fixes - elles sont fluides et, à mesure que les régimes changent, les actions peuvent passer de l'une à l'autre.
Ce qui est encourageant pour les investisseurs « value », c'est que nous pensons qu'un grand nombre d'entreprises et de secteurs susceptibles de tirer leur épingle du jeu dans un contexte d'augmentation des investissements et d'amélioration de l'activité économique se trouvent dans l'univers « value ».
Les valeurs de défense en sont l'exemple le plus frappant. En perte de vitesse depuis des années, elles se sont redressées car les investisseurs s'attendent à ce qu'elles bénéficient du réarmement de l'Europe.
Les banques sont un autre secteur qui pourrait en bénéficier. Si les mesures de relance proposées stimulent la croissance et l'inflation en Europe, les taux d'intérêt pourraient rester élevés plus longtemps, ce qui serait favorable aux banques. Une reprise économique générale et une augmentation des prêts pourraient également être positives pour le secteur.
Dans certains pays, les systèmes bancaires commencent déjà à afficher une dynamique positive en matière de prêts, ce qui constitue un changement structurel majeur par rapport à la période qui a suivi la crise financière. À l'avenir, nous pensons que les banques européennes pourraient devenir des entreprises stables à fort rentabilité du capital, offrant d’importantes performances aux actionnaires.
Vers la fin de l'année dernière, les inquiétudes concernant les perspectives économiques ont commencé à peser lourdement sur certaines des valeurs européennes les plus sensibles à l'économie. Nous avons observé des sociétés de ciment, de construction, de produits chimiques et de matériaux se négociant à des valorisations particulièrement basses et, bien que nous ne sachions pas quand la situation de l'Europe pourrait s'améliorer, nous avons pensé que, dans une perspective de trois à cinq ans, elles représentaient une très bonne valeur.
Nous ne faisions que réagir aux signaux d'évaluation ascendants, mais ce sont exactement les types de sociétés qui pourraient participer à la réindustrialisation de l'économie européenne.
Un autre facteur intéressant est que les mesures de relance pourraient créer un effet d'entraînement positif qui donnerait un coup de fouet à la consommation européen. Toute reprise dans ce domaine pourrait soutenir les distributeurs de biens de consommation de base axés sur le marché intérieur, qui ont connu des difficultés ces derniers temps, les investisseurs ayant eu tendance à privilégier les entreprises de biens de consommation de luxe qui sont exposées grandes fortunes à l’international.
Les marchés européens ont démarré l'année en force, mais compte tenu de l'importante décote par rapport aux États-Unis et du potentiel des facteurs fondamentaux, nous pensons que les perspectives restent positives. Il y a encore beaucoup d'incertitude en ce moment autour de questions telles que les tarifs douaniers et la guerre en Ukraine. Cependant, malgré les risques potentiels, nous pensons qu'il est possible de construire une histoire positive sur l'Europe aujourd'hui - et nous sommes particulièrement optimistes sur le fait que le prochain chapitre de l'Europe pourrait offrir de nombreuses opportunités pour les investisseurs de valeur.
La valeur des investissements peut fluctuer et ainsi faire baisser ou augmenter la valeur liquidative des fonds. Vous pouvez donc ne pas récupérer votre placement d'origine. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.