Investir en faveur de l’Accord de Paris - Bien plus que des énergies propres

5 min de lecture 29 avr. 24

Pour certains, investir en vue de contribuer aux objectifs de l’Accord de Paris pourrait tout simplement revenir à détenir des entreprises fournissant des énergies propres et des technologies climatiques. Mais, c’est tout simplement faux. John William Olsen et Philip Kemp expliquent comment les investisseurs en actions peuvent contribuer à faire face au changement climatique en détenant un portefeuille équilibré d’entreprises issues de multiples secteurs et industries.

Nous devons tout d’abord reconnaître que la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris nécessite une réduction drastique et absolue des émissions de gaz à effet de serre (GES). Dans cette optique, nous pensons que les investisseurs doivent adopter une approche adaptée à chaque entreprise, en se concentrant sur les résultats concrets.

Certaines approches de l’alignement sur l’Accord de Paris se focalisent uniquement sur une réduction annuelle prédéterminée des mesures d’émissions au niveau du portefeuille, telles que l’intensité carbone. Toutefois, le fait de donner la priorité à ces mesures peut être contre-intuitif. Par exemple, un gérant de fonds pourrait simplement détenir un portefeuille d’entreprises peu émettrices de CO2, telles que des éditeurs de logiciels, ou réduire progressivement sa participation dans l’entreprise la plus émettrice. Les progrès seraient certes appréciables sur le papier, mais ils ne contribueraient pas nécessairement à la réduction des émissions en valeur absolue nécessaire pour limiter l’augmentation de la température du globe. La même quantité d’émissions subsisterait, mais ces dernières seraient simplement exclues du fonds.

Nous sommes convaincus qu’une approche beaucoup plus efficace visant à s’aligner sur l’Accord de Paris consiste à privilégier les initiatives concrètes prises par les différentes entreprises. En particulier, en investissant dans des entreprises qui ont fixé, ou sont en train de fixer, des objectifs ambitieux en vue de réduire leurs propres émissions et/ou dans celles qui fournissent des solutions climatiques permettant à d’autres de réduire les leurs.  

Les investisseurs peuvent avoir l'assurance que ces entreprises prennent au sérieux la réduction des émissions, et ne se contentent pas de fixer des objectifs lointains sans obligation de rendre des comptes.

Des objectifs ambitieux de réduction des émissions





La fixation d’un objectif scientifique est une bonne indication de l’engagement d’une entreprise en faveur de l’Accord de Paris. Il s’agit d’objectifs de réduction des émissions qui sont considérés comme nécessaires pour limiter le réchauffement de la planète à un niveau nettement inférieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et, idéalement, à 1,5°C conformément aux objectifs de l’Accord.

L’initiative Science Based Targets (SBT – objectifs fondés sur la science) est un cadre largement accepté pour évaluer la validité de ces objectifs. Les entreprises d’une grande diversité de secteurs et de régions géographiques peuvent fixer des objectifs scientifiques. Ci-dessous, nous avons mis en évidence l’empreinte mondiale de chaque objectif scientifique engagé ou ratifié qui a été fixé avec la SBTi.

Les objectifs sont généralement fixés en fonction d’une année de référence, à partir de laquelle l’entreprise mesure ses progrès, et d’une année cible (généralement entre 2030 et 2050), d’ici laquelle les réductions d’émissions doivent être réalisées. Le processus de fixation d’un objectif scientifique implique généralement l’élaboration d’un plan de décarbonation spécifique comportant des mesures concrètes. Les entreprises doivent ensuite communiquer leurs progrès chaque année. Ces exigences permettent de s’assurer que les entreprises s’engagent en faveur de la décarbonation et ne se contentent pas de fixer un objectif lointain avec peu de comptes à rendre. 

«Les investisseurs peuvent être sûrs que ces entreprises prennent au sérieux la réduction de leurs émissions et qu’elles ne se contentent pas de se fixer des objectifs lointains sans rendre de comptes.»

Les informations fournies ne sauraient être considérées comme une recommandation d’achat ou de vente d’un titre en particulier.

ÉTUDE DE CAS
Novo Nordisk

Novo Nordisk, une entreprise danoise spécialisée dans les médicaments contre le diabète et la perte de poids, a vu ses objectifs de réduction des émissions ratifiés par l’initiative Science Based Targets en 2018.

L’entreprise aspire à réduire de 100 % les émissions provenant de ses propres activités (également appelées émissions des champs 1 et 2) d’ici 2030, conformément à une trajectoire de température de 1,5°C.

Pour y parvenir, l’entreprise vise à concevoir son écosystème de produits de manière à ce que ces derniers puissent être recyclés ou réutilisés, à minimiser la consommation et les déchets, et à travailler avec des fournisseurs qui partagent son engagement en faveur de la décarbonation. 

Les fournisseurs de solutions climatiques

Certaines entreprises contribuent aux objectifs de l’Accord de Paris en fournissant des solutions climatiques. Ces entreprises fournissent à leurs clients des produits ou des services qui peuvent les aider à réduire ou à éviter les émissions et à atteindre leurs objectifs de décarbonation.

Bien entendu, les entreprises actives dans la production d’énergie renouvelable entrent dans cette catégorie par définition. En facilitant l’intégration des énergies propres dans l’ensemble du mix énergétique, elles permettent d’éviter des millions de tonnes d’émissions qui seraient autrement générées par la combustion de combustibles fossiles extrêmement polluants. Toutefois, les émissions pourraient être réduites ou évitées grâce à une grande variété de produits et de services, comme par exemple :

  • Le stockage numérique dans le cloud alimenté par les énergies renouvelables.
  • Les produits d’automatisation et d’économie d’énergie pour les bâtiments.
  • La réutilisation et le recyclage des déchets alimentaires ou industriels.
  • Les solutions durables en matière de transport maritime et de logistique.

Les informations fournies ne sauraient être considérées comme une recommandation d’achat ou de vente d’un titre en particulier.

ÉTUDE DE CAS
Linde

Linde est un producteur de gaz industriels à fortes émissions, qui aide ses clients à économiser ou à éviter une quantité encore plus importante d’émissions. En 2022, l’entreprise a généré près de 40 millions de tonnes d’émissions dans le cadre de ses propres activités, mais a aidé ses clients à éviter environ 90 millions de tonnes.

La production d’hydrogène est l’une des principales solutions de Linde en matière de climat. Il s’agit d’un carburant alternatif qui, lorsqu’il est produit à partir d’énergies renouvelables, devrait devenir une source d’énergie propre pour toute une série d’industries dans les années à venir. Il existe d’autres applications bien connues, comme notamment la désulfuration du carburant diesel hautement polluant.

Les autres solutions climatiques de Linde comprennent la production d’oxygène gazeux, qui contribue à réduire la consommation d’énergie dans l’industrie sidérurgique, et les solutions de capture et de stockage du carbone de l’entreprise œuvrent également à la décarbonation d’autres processus industriels.

Construire un portefeuille équilibré

Les entreprises dont les objectifs sont fondés sur la science et celles qui proposent des solutions climatiques sont présentes dans toutes les régions géographiques et dans tous les secteurs d’activité. Elles témoignent également de modèles économiques à divers stades de maturité, allant de petites entreprises développant des technologies de pointe à des sociétés géantes stables, leaders sur leur marché et consacrant des investissements importants à la réduction de leurs émissions opérationnelles.

Si les premières tendent à être des investissements plus risqués que les secondes, les investisseurs peuvent s’assurer que les deux contribuent de manière plus égale au risque global grâce au dimensionnement des positions. En d’autres termes, en prenant des positions relativement plus importantes dans les entreprises jugées moins risquées et des positions plus modestes dans celles pour lesquelles ils prévoient un éventail plus large de scénarios possibles. Cela permet de contrôler le risque global du portefeuille sans entraver la capacité à identifier des opportunités sur le marché.

Il est important de noter que les entreprises appartenant à chacune de ces catégories se comporteront comparativement plus ou moins bien dans différentes conditions de marché. Ce faisant, les investisseurs peuvent détenir un portefeuille d’entreprises équilibré et fondamentalement bien diversifié, à même de présenter des caractéristiques de risque et de performance similaires à celles du marché actions dans son ensemble, tout en jouant un rôle positif dans la lutte contre le changement climatique.

La valeur des investissements peut fluctuer et ainsi faire baisser ou augmenter la valeur liquidative des fonds. Vous pouvez donc ne pas récupérer votre placement d'origine.

Les opinions exprimées dans le présent document ne sauraient en aucun cas constituer des recommandations, des conseils ou des prévisions.

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