Garder le cap : les opportunités « value » sur les marchés européens

4 min de lecture 10 sept. 24

Le premier semestre 2024 s’est avéré être volatil pour les marchés actions européens, sous l’effet de sources d’incertitude telles que l’évolution des taux d’intérêt et les risques politiques. Le style d’investissement « value » n’a pas non plus eu le vent en poupe. Pour autant, Richard Halle, le gérant de fonds d’actions « value » européennes, est convaincu de l’existence d’excellentes opportunités « value » au sein des actions européennes : une grande dispersion des valorisations crée un marché à deux vitesses et un nouveau régime d’investissement imprévisible est potentiellement synonyme d’actions mal valorisées.  

Les marchés actions européens ont poursuivi leur appréciation cette année. Après une hausse d’environ 16 % en 2023, l’indice MSCI Europe a ainsi de nouveau progressé et clôturé la première moitié de l’année 2024 sur un gain de près de 10 % (performance totale, en euro). Toutefois, ce résultat positif ne rend pas compte de la volatilité des marchés provoquée par de nombreuses sources d’incertitude auxquelles ont dû faire face les investisseurs.

Au premier rang de celles-ci a figuré l’évolution des taux d’intérêt. Depuis le début de l’année, les anticipations relatives au nombre et au rythme des baisses de taux d’intérêt ont été considérablement atténuées. En juin, la Banque centrale européenne (BCE) a commencé à abaisser ses taux d’intérêt qui avaient atteint des niveaux record. Mais, l’inflation demeurant supérieure à l’objectif de 2 % fixé par la BCE, c’est le flou qui entoure le calendrier des futures baisses de taux. Les baisses de taux de la BCE sont-elles définitives cette année ?

« Depuis le début de l’année, les anticipations relatives au nombre et au rythme des baisses de taux d’intérêt ont été considérablement atténuées. »
 

En cette « super année électorale mondiale », les investisseurs ont également été aux prises avec le risque politique. En juin, suite au résultat des élections européennes, le Président français Emmanuel Macron a annoncé des élections législatives anticipées. Les valorisations des actifs français ont alors lourdement chuté en raison des inquiétudes suscitées par une victoire potentielle du parti d’extrême droite, le Rassemblement national (RN), et par la précarité de la situation budgétaire du pays. Si le RN n’est finalement arrivé qu’en troisième position lors du second tour de scrutin, le résultat s’est toutefois traduit par une plus grande incertitude avec un parlement sans majorité absolue et une coalition pour le moins compliquée. 

Les facteurs stylistiques ont également eu une influence cette année. Au niveau mondial, le style « value » a sous-performé le marché et les actions de croissance. Toutefois, la sous-performance des actions « value » s’est avérée plus modeste en Europe qu’aux États-Unis, où les « Sept Magnifiques » (à savoir les méga-capitalisations de croissance issues du secteur de la tech) ont tiré le marché vers le haut.

Changement de sentiment à l’égard des banques

L’un des secteurs traditionnels « value » qui s’est bien comporté en Europe cette année est celui des banques. Au début de l’année, les investisseurs se sont montrés plutôt prudents à l’égard des banques, de crainte de l’impact des baisses de taux d’intérêt attendues sur les bénéfices. Ces craintes se sont dissipées lorsque le marché a réévalué la rapidité des baisses de taux et les conséquences sur les bénéfices. Nous pensons que ce changement d’opinion à l’égard des banques a incité les investisseurs à ne plus éviter ces dernières, mais à les considérer comme des investissements aux valorisations attractives.

Le secteur bancaire, qui est généralement considéré comme un secteur « value » classique, est l’un des plus performants en Europe cette année, juste derrière celui des technologies de l’information. En fait, depuis le début de l’année 2021, les banques européennes ont surperformé l’indice Nasdaq Composite (en euros), le baromètre du secteur de la technologie aux États-Unis. Nous sommes convaincus que cela ne fait que confirmer notre thèse, exposée ci-dessous, selon laquelle nous nous trouvons dans un nouveau régime d’investissement où différentes valeurs sont susceptibles de bien se comporter.

Une incertitude persistante

Comme nous l’avons vu, le premier semestre a été mouvementé. À l’avenir, les investisseurs vont devoir continuer à naviguer au travers des écueils de l’incertitude. Par exemple, sur le plan politique, les risques demeurent élevés en raison du manque de clarté concernant les élections françaises. Les prochaines élections américaines du 5 novembre sont également susceptibles d’influer sur le sentiment des investisseurs internationaux.

Dans le même temps, le débat sur l’évolution des taux d’intérêt n’est toujours pas résolu. Compte tenu de ces facteurs, il semble que la volatilité soit appelée à s’inviter fréquemment sur les marchés à l’avenir. Cette situation sera difficile, mais elle pourrait aussi offrir des opportunités aux investisseurs actifs qui pourraient ainsi tirer profit de dislocations et d’anomalies de valorisation sur le marché.

Les valorisations : un marché européen à deux vitesses

Dans une perspective à plus long terme, en tant qu’investisseurs « value », nous sommes enthousiasmés par la situation des valorisations des actions européennes. Des déséquilibres importants se sont accumulés sur le marché européen, où les écarts de valorisation ont créé ce que nous qualifions de marché à deux vitesses.

Depuis le lancement de notre stratégie European Value Equity en 2008, l’écart entre les actions les moins chères et les plus chères du marché s’est considérablement accentué. Nous pensons que cette dispersion des valorisations est la manifestation de deux facteurs. Premièrement, les valorisations de nombreuses actions de croissance de qualité ont atteint des niveaux élevés pendant la période de taux d’intérêt proches de zéro. Deuxièmement, ces actions ont également bénéficié de la présence d’investisseurs internationaux et passifs qui ont tendance à privilégier les grandes valeurs de croissance européennes bien connues telles que Novo Nordisk, ASML, L’Oréal et Louis Vuitton, et qui ont sans doute un peu plus contribué à faire s’apprécier des valorisations déjà élevées.

En conséquence, la partie la moins chère du marché a été en grande partie négligée et demeure, selon nous, attractive du point de vue des valorisations. Grâce à une dispersion des valorisations étant proche de ses niveaux les plus élevés jamais atteints en Europe, nous sommes convaincus qu’il existe des opportunités prometteuses au sein de la partie la plus décotée du marché. Le marché européen présente également une valorisation sensiblement inférieure à celle du marché américain. Selon nous, cette situation permet aux actions européennes « value » d’abriter des opportunités à long terme extrêmement attractives.

Les valorisations : un nouveau régime d’investissement

Outre les valorisations, une autre raison explique notre optimisme quant aux perspectives des actions « value » : nous pensons que nous sommes entrés dans un nouveau régime d’investissement où nombre des tendances qui avaient prédominé durant les années précédentes touchent à leur fin.

Selon nous, l’environnement de marché a évolué et est passé d’un monde de stabilité et de prévisibilité, où les investisseurs s’en sortaient particulièrement bien sans aucune considération pour les valorisations, à un monde de volatilité, de perturbations et de surprises. Nous pensons que cet environnement changeant va créer d’excellentes occasions pour les investisseurs « value » patients et axés sur les fondamentaux d’identifier des actions qui sont injustement sanctionnées. Selon nous, les valorisations vont devenir beaucoup plus importantes compte tenu de l’augmentation de la volatilité.

Au nombre des exemples récents d’instabilité ont notamment figuré la crise bancaire aux États-Unis (et sa contagion ultérieure à l’Europe), les inquiétudes macroéconomiques et l’impact de la hausse des rendements obligataires sur les actions « à profil obligataire ». Tous ces événements nous ont offert des opportunités en tant qu’investisseurs « value » à contre-courant (« contrarian »). Le premier semestre 2024 a lui aussi été favorable en continuant de s’inscrire dans cette ère de turbulences accrues. Nous pensons que ce monde d’imprévisibilité va persister et que le fait d’être armé pour tirer profit d’actions mal valorisées pourrait se traduire par d’excellentes opportunités de création d’alpha.

Dans un monde où les valorisations de certaines actions « value » délaissées sont attractives et où le régime d’investissement témoigne de nouvelles tendances, nous sommes convaincus que des valeurs différentes de celles qui ont auparavant imprimé la hausse des marchés pourraient tirer leur épingle du jeu au cours des années à venir. L’action « value » d’aujourd’hui pourrait très bien être l’action de croissance de demain.

Rédigé par Richard Halle

La valeur des investissements peut fluctuer et ainsi faire baisser ou augmenter la valeur liquidative des fonds. Vous pouvez donc ne pas récupérer votre placement d'origine. Les performances passées ne pejugent pas des performances futures.

Les opinions exprimées dans le présent document ne sauraient en aucun cas constituer des recommandations, des conseils ou des prévisions et ils ne doivent pas être considérés comme une recommandation d'achat ou de vente d'un titre particulier.

Nos actualités associées