6 min de lecture 17 janv. 24
À la faveur de taux d’intérêt en passe de culminer, les obligations devraient selon nous être synonymes de plus-values au cours de l’année à venir.
Après quelques années difficiles pour les marchés obligataires, nous pensons que le moment pourrait être venu pour les investisseurs de reprendre pied dans la classe d’actifs et de le faire rapidement.
C’est ce qu’a avancé notre équipe M&G Bond Vigilantes lors d’une récente réunion de sélectionneurs de fonds français.
« Compte tenu des rendements offerts par les dépôts et autres livrets bancaires, il a été difficile de susciter l’intérêt des gens pour l’investissement », a admis Jim Leaviss, CIO Public Fixed Income de M&G, devant un auditoire de 60 personnes réunies à l’hôtel Ritz Paris.
Mais, vu du sommet, le moment est venu de délaisser les liquidités au profit du crédit, des obligations d’entreprises et d’État ».
Déterminer le moment idéal pour prendre pied dans une classe d’actifs est toujours un subtil mélange d’art et de science ; comme l’a dit Jim Leaviss, « personne ne sonne une cloche » pour signaler le meilleur point d’entrée. Mais, il est fermement convaincu que l’opportunité est à saisir.
Toutes les grandes banques centrales semblent avoir atteint le terme de leur cycle de resserrement monétaire. La Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ont cessé de relever leurs taux, tandis que la Réserve fédérale américaine pourrait encore procéder à une modeste hausse.
Tant le passé que la perspective de solides performances concourent à créer cette situation positive pour les investisseurs.
« Au cours des cycles précédents, les rendements obligataires ont baissé d’environ 1 % 90 jours après que la Fed a cessé de relever ses taux. Durant certains cycles, ils ont même reculé de 3,5 %.
« Si nous n’investissons pas dans des emprunts d’État et d’autres formes d’obligations maintenant, nous allons être privés d’un grand nombre de plus-values qui résulteront de l’achat de titres obligataires au point culminant des taux d’intérêt ».
Le rendement de l’emprunt d’État américain à 10 ans oscillant entre 4 % et 5 %, il est possible qu’il baisse si les taux ont effectivement atteint leur pic. Sur la base des cycles précédents, une baisse de 1 % du rendement équivaudrait à une plus-value d’environ 7 %. En s’exposant maintenant, les investisseurs pourraient bénéficier d’une performance totale de 11 % à 12 % au cours de l’année à venir, a déclaré Jim Leaviss.
Bien entendu, en matière d’investissement, rien n’est jamais gagné d’avance et Jim Leaviss s’est attaché à évoquer quelques événements importants qui pourraient changer la donne.
Le premier est la possibilité de voir Donald Trump regagner la présidence des États-Unis en novembre 2024, ce qui entraînerait une série d’événements potentiellement très perturbateurs, allant de baisses d’impôt pour les entreprises et les plus riches (susceptibles de creuser encore un peu plus le ratio dette/PIB des États-Unis), à des taxes protectionnistes sur les importations (à même d’avoir des conséquences inflationnistes), sans oublier la rupture de l’ordre mondial par les États-Unis en quittant l’OTAN.
Le second est l’offre massive de dette publique américaine qui va être émise dans les années à venir, sous l’effet des sommes vertigineuses générées par les réponses à la crise financière mondiale et à la pandémie de Covid-19, et qui sont ainsi venues s’ajouter aux énormes baisses d’impôt remontant à la présidence de George W. Bush.
Jim Leaviss, qui gère également le fonds M&G Global Macro Bond Fund, a été rejoint lors de la réunion par Richard Ryan, gérant de fonds d’obligations d’entreprises, et Charles de Quinsonas, gérant de dette émergente.
Les deux gérants ont évoqué la multitude d’opportunités potentielles qui s’offrent aux investisseurs lorsque les taux d’intérêt atteignent un pic. Ils ont toutefois souligné la nécessité d’une analyse approfondie des emprunteurs dans lesquels investir compte tenu du nombre considérable d’émissions d’entreprises et d’États dans ces deux classes d’actifs.
Richard Ryan explique que ses choix en matière de crédit sont le fruit de la recherche « bottom-up » des 51 analystes de dette privée cotée de M&G à travers le monde, lesquels produisent des notations de crédit spécifiques pour chaque entreprise afin de constituer des portefeuilles extrêmement diversifiés.
Il s’agit là d’un travail très minutieux en impliquant de décortiquer chaque obligation, entreprise par entreprise, afin d’estimer s’il vaut la peine d’y investir. Mais, le jeu pourrait en valoir la chandelle.
« Je pense que nous entrons dans une période où une analyse crédit approfondie, une évaluation minutieuse du risque entourant la façon dont on articule ces portefeuilles vont vraiment porter leurs fruits », a précisé Richard Ryan.
Selon lui, le travail des analystes consiste également à distinguer les gagnants des perdants en vertu des différents scénarios de baisse des taux d’intérêt depuis leur pic.
« Si les taux reculent parce que l’inflation est maîtrisée, mais que la croissance mondiale diminue lentement et doucement, alors c’est parfait », a-t-il ajouté. « Si les taux reculent parce que nous entrons dans une récession assez brutale, l’issue sera alors très différente pour le crédit ».
Quant à lui, Charles de Quinsonas estime que les investisseurs devraient commencer à reconnaître les qualités de nombreux pays émergents où les gouvernements ont pris des mesures plus rapides et plus efficaces contre l’inflation que dans de nombreux pays développés.
Il souligne également la diversité des marchés où les rendements réels des émissions en devise locale sont positifs, dont notamment la Colombie, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique. Là encore, pour Charles de Quinsonas, la différenciation et la sélectivité sont les clés du succès. À titre d’exemple, il indique que la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires va influer sur les taux d’inflation de manière différente selon les pays et les régions.
« Nous devons être rigoureux dans notre approche et procéder à une analyse « bottom-up » dans tous les pays », a-t-il déclaré. « Il existe des opportunités parmi des émetteurs qui ont été exagérément sanctionnés par la correction des marchés émergents ».
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