Marchés émergents
5 min de lecture 8 févr. 24
Malgré d’éventuelles surprises sur les marchés obligataires, M&G Investments prévoit une stabilité des taux en 2024.
Charles de Quinsonas :
Selon le gérant de M&G Investments, en 2023, les surprises n’ont pas manqué sur le marché obligataire, mais c’est peut-être sur les marchés émergents que le résultat a été le plus inattendu.
« Avec les obligations américaines à haut rendement, la dette émergente en devise locale a presque constitué la meilleure classe d’actifs obligataire en 2023 » indique Charles de Quinsonas, le gérant du fonds M&G (Lux) Emerging Markets Bond Fund.
« Oui, c’est un peu surprenant, ajoute-t-il. En début d’année, personne n’aurait parié sur les obligations émergentes en devise locale compte tenu de la hausse des taux aux États-Unis.
« Je suis presque certain que si vous aviez demandé à ChatGPT début 2023 ‘Est-ce une bonne idée d’investir dans la dette émergente alors que les taux d’intérêt augmentent outre-Atlantique ?’, le chatbot aurait répondu par la négative. »
Comme il le souligne, par le passé il aurait donné la même réponse. Pour preuve, en 2013, Ben Bernanke, alors président de la Réserve fédérale américaine, avait déclaré que la Banque centrale allait commencer, le moment venu, à réduire ses achats d’actifs.
Les rendements obligataires ont alors augmenté partout dans le monde et ont ainsi débouché sur trois années de sous-performance des obligations émergentes en devise locale. Toutefois, la situation est très différente aujourd’hui, précise Charles de Quinsonas, en soulignant que les autorités monétaires de ces pays ont beaucoup mieux réagi cette fois-ci.
« À l’époque, les banques centrales des pays émergents n’ont pas, selon moi, fait preuve de proactivité – elles étaient en retard et ont agi tardivement. Elles ont ainsi dû relever leurs taux après la Fed.
« Cette fois-ci, la situation était, et est toujours, très différente. Ces banques centrales ont, en effet, tiré les leçons de l’expérience. Elles ont relevé leurs taux bien avant la Fed. Les rendements nominaux dans de nombreux pays émergents étaient et sont toujours très élevés », a-t-il ajouté.
Non seulement ils sont élevés, mais ces rendements nominaux sont également supérieurs aux taux d’inflation nationaux, offrant ainsi ce qu’il décrit comme des « rendements réels décents » sur les émissions en devise locale dans des pays tels que la Colombie, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique.
Cet avantage en termes de rendement réel par rapport aux pays développés s’est récemment réduit et Charles de Quinsonas ajuste son portefeuille en conséquence. Pour ce faire, il allège ses positions ayant surperformé en Amérique latine et met fin à certaines sous-pondérations en Europe centrale et orientale.
L’équipe en charge de la dette émergente chez M&G Investments s’appuie sur deux principes fondamentaux pour construire son portefeuille. Le premier consiste à évaluer chaque pays au cas par cas, plutôt que de se baser sur la tendance perçue du dollar et d’appliquer une position univoque.
« Je pense qu’il est très délicat d’adopter un point de vue à l’égard du billet vert et d’opter pour une surpondération ou sous-pondération des obligations en devise locale. Ce n’est pas ainsi que nous procédons.
« En fait, nous identifions une opportunité sur un marché en devise locale et nous en faisons notre scénario central sans avoir d’opinion très arrêtée sur l’évolution du dollar ou l’attitude future de la Fed. Aussi, nous pensons que cette hausse devrait encore se poursuivre. »
Cela signifie qu’il convient de se montrer très sélectif dans le choix des marchés, d’autant plus que l’une des conséquences d’un contexte où les taux d’intérêt sont élevés est de rendre l’accès au marché plus difficile pour les emprunteurs les plus fragiles.
« Certains pays, en Afrique subsaharienne, mais plus généralement les marchés frontières, n’ont pas la diversité des marchés en devise locale. Ils vont donc devoir avoir recours au marché des obligations libellées en dollar. »
Cela pourrait s’avérer beaucoup plus difficile cette fois-ci. « Pour le meilleur ou pour le pire, ils ont été autorisés à le faire dans un monde où les rendements étaient faibles. Des taux d’intérêt durablement plus élevés sont donc clairement néfastes, surtout pour les émetteurs les plus fragiles des pays émergents. »
Le deuxième pilier du portefeuille du gérant du fonds consiste à s’assurer de sa grande diversification en cas d’événements inattendus, tels que le conflit israélo-palestinien actuel ou la possibilité que la Chine se réapproprie Taïwan dans un avenir plus lointain.
« La diversification est la seule façon de faire face au risque extrême au sein d’un portefeuille de dette émergente. La tentation serait de penser que l’on est plus intelligent que les autres analystes, mais ce n’est pas ce que nous pensons.
« Ainsi, pour générer des performances positives à long terme, il faut être diversifié afin de minimiser l’éventualité de risques extrêmes. Nos dix premières surpondérations sont effectivement très, très faibles. »
Outre le fait qu’il considère la géopolitique comme un risque extrême, plutôt que comme un problème propre aux marchés émergents, Charles de Quinsonas estime également que les taux de défaut pour la classe d’actifs – 14 % pour le haut rendement* – ne doivent pas être pris au pied de la lettre, ou comme une excuse pour éviter ces actifs.
Il souligne que si l’on retire la Russie, l’Ukraine et l’immobilier chinois de ce chiffre de 14 %, on obtient alors plutôt 1,8 %*.
Il admet que, tout comme aux États-Unis et en Europe, nous verrons probablement augmenter les taux de défaut dans les pays émergents dans le cadre du cycle économique actuel. Cette tendance justifie un nouvel ajustement de la partie du portefeuille investie en devise forte.
« Nous privilégions les émissions souveraines à haut rendement et nous sommes un peu plus exigeants sur la qualité de crédit au sein des entreprises, en raison des taux de défaut plus élevés », explique-t-il.
D’une manière générale, il demeure optimiste pour 2024, tout en ne perdant pas de vue que la politique monétaire et l’inflation au niveau mondial pourraient réserver quelques surprises.
« Pour autant, notre scénario central continue de présumer que nous sommes plus proches d’un revirement que d’une hausse notable des taux. Ainsi, en termes de biais du portefeuille, nous sommes positifs sur les obligations des marchés émergents à l’heure actuelle », a-t-il ajouté.
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