Infrastructures
3 min de lecture 7 oct. 24
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Le cycle mondial de baisse des taux directeurs, tant attendu, est désormais bien entamé. Après la baisse des taux de 50 points de base (pb) annoncée par la Réserve fédérale en septembre, la plupart des grandes banques centrales des pays développés ont désormais commencé à faire baisser le coût de l’endettement.
Les modifications des taux directeurs des banques centrales des 10 devises les plus échangées.
Source: LSEG | REUTERS
Il s’agit potentiellement d’un moment charnière pour les investisseurs. Après une série de relèvements drastiques des taux directeurs, nous pensons que l’entrée dans un environnement de baisse des taux pourrait créer de nouvelles opportunités d’investissement sur les marchés obligataires comme sur les marchés actions.
L’atténuation de la pression inflationniste dans les économies développées est le principal facteur à l’origine de la baisse des taux. Il semble que nous ayons enfin tourné la page du choc inflationniste de 2022, qui a fait grimper les prix comme jamais depuis des décennies.
Après avoir culminé à 10,6 % en octobre 2022, le taux d’inflation annuel dans la zone euro est tombé à 2,2 % en août, non loin de l’objectif de 2 % de la Banque centrale européenne (BCE). On observe une situation similaire aux États-Unis, où l’indice des prix à la consommation (IPC) est ressorti en hausse de 2,5 % en glissement annuel en août, ainsi qu’au Royaume-Uni (IPC en hausse de 2,2 % en juillet).
En outre, l’économie mondiale semble se normaliser quelque peu après les fortes turbulences engendrées par la pandémie de Covid-19.
Après avoir relevé leurs taux à marche forcée pour juguler l’inflation et retiré une partie des liquidités en circulation dans le système financier, les banques centrales semblent avoir bon espoir que l’inflation retrouvera durablement un niveau conforme à leurs objectifs et pensent être en mesure d’assouplir leur politique monétaire.
Même si l’inflation persiste pour certains postes de dépenses tels que les services et qu’un regain d’inflation ne saurait être exclu – par exemple, en cas de retour à la Maison Blanche de Donald Trump, qui propose d’augmenter les droits de douane sur les produits importés – les banquiers centraux peuvent sans doute revoir leurs priorités pour se concentrer sur le soutien à la croissance économique et à l’emploi.
Alors que les indices boursiers tels que le S&P 500 aux États-Unis flirtent avec leurs sommets historiques, il semble bien que les responsables politiques sont parvenus à dompter l’inflation sans provoquer de crise économique, le fameux scénario de « l’atterrissage en douceur » (un ralentissement cyclique de la croissance économique n’aboutissant pas à une période de récession au sens strict du terme).
Cette situation n’est pas sans précédent mais, par le passé, de nombreux cycles de baisse des taux ont débuté en raison d’une conjoncture économique morose. Aujourd’hui, il semble que l’économie a réussi à s’adapter à l’existence de taux d’intérêt plus élevés. Toutefois, plus les taux resteront élevés, plus la probabilité de récession sera élevée, à nos yeux.
Si l’on se projette en 2025, le niveau des taux directeurs au terme de ce cycle d’assouplissement monétaire reste incertain. Toutefois, compte tenu des taux d’intérêt historiquement bas fixés dans le cadre de la politique de taux nuls mise en œuvre dans le sillage de la crise financière de 2008/2009, il est probable que les taux se stabiliseront à un niveau supérieur à celui observé avant le début du dernier cycle de resserrement monétaire.
Nous pensons qu’un certain nombre d'investissements peuvent profiter de cet assouplissement de la politique monétaire. En général, les actifs obligataires se comportent bien lorsque les taux baissent car le revenu fixe procuré par les obligations devient plus attractif pour les investisseurs.
Les emprunts d’État, notamment les bons du Trésor américain, se sont bien comportés ces derniers mois, les investisseurs ayant anticipé le début du cycle de baisse des taux directeurs. Cependant, nous pensons qu’ils restent une option valable pour les investisseurs dans la mesure où certains instruments de dette publique offrent un rendement réel (corrigé de l’inflation) intéressant.
Le profil rendement/risque des emprunts d’État nous semble séduisant, à l’heure actuelle. Il y a une certaine asymétrie des risques : d’après nous, il est peu probable que les taux d’intérêt augmentent à court terme, un scénario qui nuirait aux obligations.
En revanche, si la croissance économique déçoit ou si les conditions économiques se dégradent, les banquiers centraux pourraient baisser sensiblement les taux, ce qui pourrait être favorable aux emprunts d’État, notamment ceux à plus long terme, qui sont plus sensibles aux fluctuations de taux d’intérêt.
Les emprunts d’État à long terme pourraient donc constituer un précieux levier de diversification des portefeuilles en cas de ralentissement économique.
Les infrastructures cotées sont une autre classe d’actifs susceptible de profiter de la baisse des taux. Cette classe d’actifs, qui comprend les actions d’opérateurs de services aux collectivités et de sociétés immobilières, s’est retrouvée sous une intense pression lorsque les taux d’emprunt ont augmenté car ce type d’entreprises est réputé sensible aux variations de taux d’intérêt.
Maintenant que les taux baissent, les infrastructures cotées en bourse pourraient avoir davantage le vent en poupe. Historiquement, cette classe d’actifs se comporte extrêmement bien lorsque la Fed cesse de relever ses taux.
De nombreuses entreprises de cette catégorie exploitent des infrastructures physiques essentielles (transport, centrales électriques, centres de données, etc.) qui constituent l’épine dorsale de l’économie mondiale. En raison de leur caractère essentiel et de leur longue durée de vie, ces actifs produisent généralement des flux de trésorerie stables sur le long terme, indépendamment des conditions économiques. Ces flux de trésorerie sont souvent indexés sur l’inflation et augmentent au fil du temps, ce qui permet aux entreprises d’accroître la rémunération de leurs actionnaires et de leur apporter un certain degré de protection contre l’inflation.
À l’instar des sociétés aéroportuaires et des sociétés de paiements, la plupart des entreprises d’infrastructure bénéficient d’une activité économique soutenue. Néanmoins, la classe d’actifs peut également bien se comporter en période d’incertitude, en raison de la stabilité des services fournis. La perspective d’un revenu attrayant et fiable fait des infrastructures cotées un domaine d’investissement séduisant à l’heure actuelle, notamment si les taux d’intérêt baissent rapidement à mesure que les banques centrales réagissent à la faiblesse de l’économie.
La direction prise par les taux d’intérêt est désormais claire mais la destination reste incertaine. Les banques centrales ajusteront soigneusement leur politique pour parvenir à un mix croissance/inflation équilibré. La prochaine phase du cycle monétaire s’annonce périlleuse mais nous pensons que les emprunts d’État et les infrastructures cotées peuvent s'avérer des choix judicieux dans le nouvel environnement.
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